Par Dr. Claude Martin jr (Directeur général)
Les pathologies chirurgicales représentent une part importante de la charge mondiale des maladies et, par conséquent, la chirurgie constitue un élément essentiel des systèmes de santé. Pour parvenir à une couverture médicale universelle, il est nécessaire d'avoir des données fiables sur l'accès à la chirurgie. L'accouchement par césarienne, la laparotomie et le traitement des fractures ouvertes doivent être des procédures standards pratiquées dans les hôpitaux de premier niveau.
Au cours de ces six derniers mois, depuis le début de la pandémie de COVID-19, des exigences extraordinaires ont été imposées aux systèmes de santé du monde entier, y compris en chirurgie. Les objectifs sanitaires se font concurrence et le redéploiement des ressources menacent de retarder l'accroissement des services chirurgicaux dans les pays à revenu faible et moyen dans lesquels l'accès à des traitements sûrs, abordables et rapides est déjà difficile. La principale aspiration de la Commission Lancet sur la chirurgie mondiale était la promotion de la résilience des systèmes chirurgicaux. La pandémie actuelle donne l'occasion de tester ces systèmes et de repérer les points faibles qui ne sont pas toujours visible en dehors des périodes de crise.
Historiquement, la chirurgie mondiale a surtout été associée aux missions médicales - des équipes de chirurgiens qui se rendent dans des pays à faibles ressources pour effectuer des procédures telles que la réparation de fentes palatines ou la chirurgie de la cataracte, que les populations locales n'auraient pas pu se permettre autrement. Ces missions occasionnelles ont sauvé des vies et amélioré la santé de nombreux patients, mais elles ont également été critiquées car elles n'offrent pas de solution durable à un problème plus large, à savoir l'accès aux soins dans ces régions. Par conséquent, le domaine s'est de plus en plus concentré sur le renforcement des capacités locales.
La chirurgie joue un rôle dans le large éventail des maladies humaines : 30% des pathologies de la charge mondiale des maladies pourraient être traitées chirurgicalement. Cependant le coût élevé des interventions chirurgicales sont à la charge des particuliers et poussent chaque année 33 millions de personnes dans un gouffre financier (auxquels s'ajoutent encore 48 millions de plus, si l'on inclut les coûts indirects tels que le transport). La réalisation des objectifs de la Commission pour 2030 nécessiterait un investissement de 420 milliards de dollars. Ce coût vertigineux pourrait cependant rapporter gros : le rapport prévoit que le manque en matière de chirurgie et d'anesthésie coûterait aux PRFI 12,3 milliards de dollars sur cette période, soit un ralentissement de 2 % à la croissance annuelle. De nombreuses opérations chirurgicales sont tout aussi rentables que d'autres mesures de santé publique. Cela inclut le traitement des fractures ouvertes.
Les services chirurgicaux sont une condition sine qua non à la pleine réalisation des objectifs en matière de santé, au niveau local et au niveau mondial, y compris le traitement des traumatismes et des traumatismes musculosquelettiques. Une couverture des soins de santé universelle et les aspirations concernant la santé, énoncées dans les objectifs pour le développement durable (ODD) sont possibles, en s'assurant que la chirurgie et l'anesthésie soient disponibles, accessibles, sûres, rapides et abordables.
Si l'on veut que les objectifs pour la chirurgie mondiale continuent à progresser de manière significative pour 2030, les points problématiques soulignés doivent être renforcés. Un processus continu de réévaluation et de renforcement permettra aux systèmes chirurgicaux des pays à revenu faible et intermédiaire de rester réactifs face aux « anciennes menaces et aux nouveaux défis ». De multiples possibilités existent pour réaliser le rêve de systèmes chirurgicaux résistants aux chocs externes.